Les étapes après une interruption de grossesse

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Les symptômes de grossesse disparaissent graduellement à la suite d’une interruption de grossesse. Et il est tout à fait normal de ressentir toutes sortes d’émotions.

Il se peut que tu te sentes bien avec ta décision et que ça se manifeste sous forme de soulagement, de sentiment de légèreté et de paix. Il se peut aussi que tu vives de la tristesse, de la culpabilité ou un sentiment de vide et de perte.

 

Toutes les émotions sont valables, car chaque personne vit l’après différemment.

La décision d’interrompre sa grossesse est complexe. Même si tu as fait le bon choix pour toi, il est possible de vivre un deuil et de demander de l’aide. Il est important de penser à ton bien-être et de prendre soin de toi.

Pour mieux vivre l’après, tu peux parler à une personne autour de toi en qui tu as confiance et qui pourra t’accueillir dans ce que tu vis.

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Si tu préfères parler à une ressource neutre, tu peux appeler une des trois lignes d’écoute spécialisées en matière de grossesses et d’interruptions qui existent au Québec. Il s’agit des trois seules ressources pro-choix qui peuvent t’offrir de l’information et un accompagnement neutres et objectifs.

SOS grossesse Estrie : 1 877 822-1181
SOS grossesse : 1 877 662-9666
Grossesse secours : 1 877 271-0555

Tu peux également demander à rencontrer un∙e travailleur∙euse social∙e en contactant l’établissement de santé de ton secteur ou de ton choix.

Repos

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Tu ne te sens pas prêt∙e à reprendre le travail après une interruption de grossesse? Il est possible que tu aies besoin de repos et de temps pour toi.

La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) prévoit qu’à la suite d’une interruption effectuée avant 20 semaines de grossesse, tu as le droit de prendre un congé de 3 semaines sans salaire après l’intervention.

La CNESST prévoit qu’à la suite d’une interruption effectuée à 20 semaines ou plus de grossesse, tu as le droit de prendre un congé d’un maximum de 20 semaines sans salaire.

 

Les deux partenaires ont également droit à un congé de 5 jours pouvant être pris au cours des 15 jours qui suivent l’interruption de grossesse qui a lieu à compter de la 20e semaine de grossesse.


Tu peux demander un billet médical au médecin ou à la médecin que tu as vu∙e pour ton interruption de grossesse.

Exercices pour faire le deuil post-avortement

Sous forme de guide, le document ci-dessous te propose différents exercices à réaliser à la suite de ton avortement.

 

Exercices de clarification des sentiments : voir les pages 14 à 17

Exercices pour revoir comment tu en es venu∙e à choisir l’avortement : voir les pages 19 à 28

Témoignages

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Capsule vidéo de témoignages sur l’interruption de grossesse (2 min. 5 sec.)

Voici une série de témoignages de personnes qui ont vécu une interruption de grossesse. Ils font état d’une variété de situations et de sentiments vécus, et peuvent donc te faire ressentir différentes émotions lors de leur lecture. L’âge des personnes et le contenu des témoignages sont véridiques, mais les prénoms ont été modifiés par souci de confidentialité.

« J’avais 23 ans, encore aux études, j’habitais encore chez ma mère, pas de job, pas de plan d’avenir. Je suis tombée enceinte de mon copain de l’époque. Quand je l’ai appris, je commençais mon deuxième trimestre, la procédure serait donc plus compliquée, mais une chose était certaine : je ne voulais pas d’enfant, je ne pouvais pas avoir d’enfant, je n’étais pas prête à en avoir. Les conditions n’étaient pas présentes pour accueillir un être humain dans le monde et lui donner tout l’amour et les ressources nécessaires à son bon développement. C’est cette pensée qui m’a aidé à prendre la décision et à faire le deuil. Mon copain de l’époque m’a supportée dans ma décision et a été là pour moi durant le processus à 100 %. Je n’ai eu aucun regret, j’en n’ai toujours pas. Je me suis même inspirée de cette expérience pour un projet de performance artistique que j’ai présenté en classe. Un conseil que je peux donner, faut pas se retenir de vivre à 110 % les émotions qui nous traversent durant cette période. Laissez sortir le méchant. Restez pas dans votre bulle, partagez votre douleur, montrez-la, parlez-en, faites de l’art ou transformez-la en quelque chose de productif, mais surtout, écoutez-vous, vous êtes la seule à savoir ce qui est réellement bon pour vous. » – Alix, 28 ans

« J’ai vécu un avortement à 30 ans. Ça été une décision difficile puisque, malgré le fait que je n’étais pas dans une situation facile (fin d’études, pas de conjoint…), ma tête disait : « t’auras peut-être pas d’autres occasions d’en avoir, ma fille! ».  Mais tout mon corps disait « non!!! ». L’avortement s’est bien passé (même si ce n’est pas un moment agréable), j’étais en accord avec moi-même. Il y avait des personnes proches de moi qui m’encourageaient à me respecter et ne me bousculaient pas dans ma prise de décision. Le personnel de la clinique d’avortement a aussi été extraordinaire. Tout ça m’a permis d’assumer, doucement, ce choix. À 35 ans, scénario semblable : enceinte, couple fragile, famille éloignée… Tout mon corps disait « oui!! ». Et ça s’est bien passé aussi, et ça se passe encore bien puisque l’enfant grandit et que je suis encore en accord avec moi-même. » – Charlie, 52 ans

« Le choix a été très difficile. L’infirmière du CLSC qui m’a accueillie a été la ressource qui m’a le plus aidée. Par contre, la travailleuse sociale à qui j’ai été référée n’a vraiment pas aidé ma réflexion. Je me suis sentie jugée et laissée à moi-même. Le fait de devoir faire 300 km pour avoir accès à la procédure a causé beaucoup de stress et a nécessité de devoir en parler à des gens pour obtenir de l’aide (j’ai d’autres enfants qui devaient être pris en charge durant mon absence, d’autant plus que je ne pouvais pas conduire pour revenir). Je n’ai eu aucun suivi après, si ce n’est qu’avec mon médecin de famille. J’ai dû aller consulter au privé pour avoir de l’aide, car j’ai ressenti ce besoin quelques mois après et non durant la procédure. J’ai partagé à un partage d’expérience avec le centre des femmes de Montréal pour parler de l’expérience, ce qui m’a beaucoup aidée. Il n’y avait aucune ressource localement qui semblait pouvoir m’aider. » – Joe, 31 ans

« J’ai eu ma 2e IVG [interruption volontaire de grossesse] à l’hôpital de Gaspé. J’étais dans une situation de violence psychologique conjugale, je crois que les infirmières de la clinique de planning l’ont vu tout de suite. Elles m’ont accompagnée avec une attention incroyable. Elles m’ont fait rencontrer à plusieurs reprises la travailleuse sociale présente à la clinique pour s’assurer que le choix venait de moi. Malgré l’intensité de ce moment et la difficulté de ce moment, je me sens choyée d’avoir été si bien entourée par cette équipe. Elles m’ont accompagnée avant, pendant et après. C’est un moment dur qui nécessite d’être soutenue et de se sentir valide peut importe les raisons. » – Sam, 31 ans

Qu’est-ce qui vous a aidé à faire un choix? « L’instabilité, le manque de confiance envers le partenaire. Je ne me sens pas capable de faire un enfant seule. »

Comment avez-vous vécu le moment avant? « Très difficile. Les symptômes de grossesse sont encore plus mal vécus, parce qu’on sait qu’on ne veut pas l’enfant. La fatigue, les seins sont des sensations quasi-permanentes qui te confrontent presque tout le temps au fait qu’on porte un enfant qu’on ne désire pas. La culpabilité de ne pas le vouloir, ne pas se sentir capable de l’avoir. Le manque de soutien du partenaire, le fait qu’on est seule à prendre la décision. C’était sur mes épaules entièrement que reposait la décision, le partenaire s’en est déchargé complètement. C’est beaucoup de pression, qu’on n’oublie jamais, jusqu’après l’arrêt de grossesse. »

Comment avez-vous vécu le moment pendant? « L’arrêt grossesse a été vécu difficilement, la honte est très présente, bien que je me suis sentie bien accueillie par le personnel, respectée. J’étais accompagnée par une amie, une chance. C’était plus facile. »

Comment avez-vous vécu le moment après?  «Après et les jours suivants, je me suis sentie soulagée, mais aussi honteuse. La honte a traversé l’évènement au complet, jusqu’à aujourd’hui. Pourquoi la honte? C’est dur à expliquer… je n’arrive pas à mettre des mots, j’ai même un blocage. » – Dominique, 30 ans

« J’ai eu deux interruptions de grossesse dans un court laps de temps, suite à des abus sexuels. Pour moi, il était clair que je ne voulais pas d’enfant de cette personne, donc la décision a été assez facile à prendre. La première fois, tout s’est bien déroulé, mais la deuxième fois a été plus difficile. Je vivais beaucoup de culpabilité d’avoir repris contact avec cet homme. J’étais très émotive et le médecin a fait un commentaire négatif à mon égard. De plus, le médicament qui m’avait été donné par intraveineuse lors de la première intervention était en rupture de stock et je devais respirer du gaz anesthésiant, ce que j’ai trouvé beaucoup plus difficile à gérer. » – Ariel, 26 ans

« C’est moins pire qu’on le pense. À la télé ou dans les films, on nous présente l’avortement comme difficile et douloureux, mais avec la bienveillance des employées de la clinique et le calmant, on ne sent rien. J’ai eu plus mal et plus peur à mon premier PAP test avec un médecin froid et bête, qu’à mon avortement dans une clinique communautaire pour femmes. Autant je ne voudrais pas le revivre une deuxième fois parce que ça amène beaucoup d’anxiété, autant ça n’aurait pas pu mieux se passer. » – Lou, 25 ans

« J’ai vécu un avortement à 28 ans. Mon chum et moi, on se protégeait avec des condoms, mais on a eu un « accident » et je n’ai pas pris le plan B comme j’avais la pensée magique que ça ne nous arriverait pas. Finalement, j’étais enceinte. Mon couple était à distance et je louais un sous-sol. Donc malgré le fait que j’avais un emploi stable et l’âge « parfait » (ça existe l’âge parfait?), j’ai pris la décision d’avorter. C’était difficile, parce qu’en soi, je me sentais prête, mais notre couple ne l’était pas. Le mois qui a précédé l’avortement a été rempli de up and down, « on le garde, on le garde pas ». Mais après l’avortement, j’étais soulagée d’avoir pris cette décision et à ce jour, je n’ai aucun regret! Il faut se respecter. » – Kim, 30 ans

« Mon IVG [interruption volontaire de grossesse] a été un moment charnière dans ma vie. Une décision difficile parce que teintée d’une immense ambivalence. Heureusement, j’ai été accompagnée par une travailleuse sociale du centre de planning tout au long de ma prise de décision. J’ai pu faire une grande introspection grâce à son écoute, son non-jugement, sa bienveillance et ses outils de prises de décision. C’est la gardienne de mon processus. Mon IVG, je le vis comme un grand paradoxe. Celui du deuil et de la tristesse, mais avec une force nouvelle. La force de me faire confiance, de respecter mes émotions, mes besoins et de me permettre d’être à l’écoute de moi-même. Mon IVG, c’est des larmes et beaucoup d’amour. » – Sacha, 35 ans